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Derrière des grandes marques il y a des grands hommes. Hublot n’est pas une exception. Cette semaine, l’équipe de LuxuryActivist a obtenu une interview exclusive avec Monsieur Ricardo Guadalupe, le CEO de Hublot. Nous avons rencontré un homme déterminé, très passionné pour ce qu’il fait et clairement il est le moteur du succès de Hublot. Son expérience solide dans l’industrie horlogère Suisse lui donne une vision claire de la manière qu’il doit guider Hublot et son équipe lui fait totalement confiance. Son discours est très inspirant et devrait être une lesson pour beaucoup. L’Horlogerie Suisse est une force motrice et tous les hommes qui y travaillent sont l’inspiration première de ce succès. Monsieur Guadalupe est une personne importante dont le discours mérite d’être entendu.

LuxuryActivist (LA): Vous êtes arrivé à la tête de Hublot en 2012 en tant que CEO. Quelle a été votre recette pour mener à bien le chemin que vous avez accompli jusqu’à aujourd’hui?

Ricardo Guadalupe (RG): C’est difficile de donner des recettes mais il y a une passion qui m’anime. Je suis quelqu’un qui est très lié à tout ce qui est la création. Pour ma part, je suis un homme dont la passion est celle de créer des nouvelles montres. Nous pouvons faire le meilleur marketing au monde, avoir le meilleur réseaux de distribution mais si la montre que l’on met au poignée ne transmet pas une émotion l’acte d’achat ne se fera pas. C’est cette philosophie de créativité et d’innovation que j’essaye d’inculquer auprès de toutes les équipes au sein de Hublot. Ces équipes peuvent être bien entendu celles de la Recherche et Développement, mais aussi le Marketing ou bien la Logistique. C’est dans tous les domaines que nous avons cet état d’esprit innovant.

A chaque fois que nous démarrons un projet nous nous posons toujours la question: “que pouvons-nous faire de mieux, de différent”.

Cela semble facile à dire mais le plus important reste la créativité dans le produit, les matières ou le mouvement. Tout cela se fait de manière très intuitive souvent en parlant avec les équipes ou les ingénieurs. Je suis engagé au quotidien auprès de tous ces gens.

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LA – Vous avez à plusieurs reprise dit que votre montre préférée était la Hublot All Black 2006. Est-ce toujours le cas ? Si oui, pourquoi ? 

RG – Justement, l’idée de la Hublot All Black est venue d’un Détaillant. Un jour en discutant avec lui, notre partenaire commercial nous dit “pourquoi vous ne faites pas une montre toute noire? Cela pourrait bien fonctionner !”. Ce fut le démarrage d’un projet incroyable. Avec la Hublot All Black nous faisons disparaitre la visibilité du temps et de l’heure. Et en même temps nous faisons apparaître un concept qui a une énorme visibilité. Quand vous avez une montre toute noire au poignée cela possède une force esthétique. Nous faisons des montres qui procurent autre chose que simplement donner l’heure. Nous vendons quelque chose qui va au-delà du simple fait de donner le temps. Chez Hublot nous vendons un objet d’art, nous vendons l’éternité ou nous vendons tout simplement ce que nos clients souhaitent voir dans leur montre.

LA- Comment pourriez-vous décrire le client type de Hublot ? 

RG- Ce sont des jeunes, 25 à 45 ans. Ce sont des personnes qui réussissent leurs vies “eux-mêmes”. C’est une notion d’accomplissement. Des jeunes qui réussissent leurs vies, qui ont monté leur entreprise et qui finissent par réussir. Ils souhaitent exprimer cela et la montre est un symbole fort. Des hommes mais aussi des femmes, en effet nous avons en moyenne 30% de nos clients sont des femmes. Nos clients souhaitent que l’on reconnaissent Hublot. C’est une manière d’exprimer qui l’on est.

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LA- Avec la construction de Hublot 2, vous avez doublé la surface de la Manufacture. Qu’avez-vous gagné et qu’espérez-vous accomplir dans le futur?

RG– Oui en effet nous avons doublé notre capacité mais l’idée derrière cet agrandissement était avant tout la verticalisation. Nous ne souhaitons pas doubler notre production de montres mais surtout maitriser la majorité des étapes en interne. En hissant Hublot tout en haut de l’horlogerie, nous nous devons de montrer notre esprit de manufacture. Cela permet de cumuler notre valeur ajoutée dans nos produits.

LA- Qu’avez-vous pensé de la situation en 2015 où nous nous sommes retrouvés avec un Franc fort et un coup de froid sur la Chine ?

RG– Hublot n’est pas très fort en Chine, donc la situation économique dans ce pays ne nous a pas particulièrement affectés. Il est vrai que plus d’un tiers des exportations horlogères suisses partent en Chine. En partant du principe que beaucoup de Chinois achètent des montres à l’étranger, nous pourrions assumer que 50% des montres Suisses sont achetés par des Chinois. Hublot n’est pas dans cette situation et c’est tant mieux puisque la Chine a eu ce coup de froid. Néanmoins, si nous rechercherions des relais de croissance futurs, c’est en Chine où nous identifions un bassin de développement importants pour la marque. La Chine a un peu ralenti mais les Chinois aiment acheter et lorsqu’ils voyagent, leur objectif numéro un est le shopping de produits de luxe. J’ai connu l’horlogerie Suisse il y a 25 ans à CHF 5 milliards d’exportation. Aujourd’hui nous sommes à CHF 21 milliard en 2015. Il faut à un moment donné une consolidation.
Pour le Franc Fort, il est vrai qu’au niveau des prix que nous vendons nos montres, les clients ne sont pas à 20% près. Cela nous a permis de solidifier nos ventes des montres en Europe puisque là nos montres étaient moins chères. Par contre en Suisse la situation étaient plus complexe. Mais depuis nous avons réajusté nos prix et la reprise de l’euro a fait que la situation est redevenue normale.

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LA- Comment voyez-vous l’industrie horlogère Suisse évoluer dans les prochaines années?

RG- Il y a plusieurs niveaux de lecture. Pour le segment des montres à moins de CHF 1’000, l’arrivée des montres connectées pose un défi important. Un client peut s’acheter une Apple Watch à CHF 400 ou CHF 500, comme il peut acheter une montre Suisse ou Japonaise. Les montres connectés amènent d’autres métiers, qui n’est pas de l’horlogerie. Ce sont des métiers technologiques de l’électronique. Il faudra clairement s’y intéresser. Pour ce qui concerne le haut de gamme, cela va rester. Nous n’allons pas porter dans un poignée une Apple Watch et dans l’autre une montre haut de gamme. La montre reste aussi un bijou pour l’homme et la femme, donc il y a clairement une valeur plus importante qu’un objet connecté. Chez Hublot, nous croyons beaucoup à la “mécanique visible” côté cadran. Pas la “skeletization” du mouvement mais une vraie ouverture et une visibilité de la valeur ajoutée de la montre. La cadran cache le mouvement et nous voyons une tendance importante d’éliminer les cadrans pour dévoiler la mécanique. A la fin c’est le mouvement qui donne la valeur et il faut le montrer.

LA- Que pouvons-nous vous souhaiter pour cette nouvelle édition de Baselworld ?

RG- Le climat horloger est un peu difficile en ce moment, nous essayons d’être positifs. Nous essayons tout simplement d’être meilleurs que les autres. Pour cela je crois que nous sommes chez Hublot bien armés pour affronter ce défi.

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Vous pouvez écouter un extrait audio de l’interview ici:

Monsieur Ricardo Guadalupe possède une vision précise et passionnée de l’horlogerie. Il a du charisme et de l’énergie suffisante pour guider Hublot plus beaucoup plus haut que l’on puisse penser. Etape après étape, année après année, Hublot gravit la montagne de l’horlogerie Suisse et ils ont un seul objectif: le sommet. Vous pouvez lire plus sur les nouveautés Hublot en lisant notre article dédié:

Luxury Activist

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L’équipe LuxuryActivist remercie Monsieur Ricardo Guadalupe pour son temps et son interêt. Nous remercions aussi Madame Annabelle Galley pour cette merveilleuse opportunité. Tous les contenus sont réservés sans droits de reproduction disponibles. Les images sont protégées et servent pour des propos d’illustration. Photo officielle de Monsieur Guadalupe: Fred Merz