Reading Time: 12 minutes

La Responsabilité Sociale de l’entreprise est un concept qui a émergé dans les années 1960, mais c’est depuis les années 2000 qu’il est devenu un enjeu de plus en plus important pour les entreprises du monde entier. La RSE consiste à intégrer les enjeux sociaux, environnementaux et économiques dans la stratégie d’entreprise, en vue de créer de la valeur pour toutes les parties prenantes, y compris les employés, les clients, les fournisseurs, les actionnaires et la communauté dans laquelle l’entreprise opère. En somme, la RSE est une approche gagnant-gagnant pour les entreprises et la société dans son ensemble. Elle permet aux entreprises de contribuer au développement durable tout en renforçant leur réputation et leur compétitivité. Beaucoup de personnes ont changé leurs carrières afin d’emprunter la voie de demain. Les défis planétaires et sociétaux ouvrent des opportunités d’innover en construisant les métiers de demain. C’est le cas de Bénédicte Ouvrard, acheteuse IT chez ARTO.

(English version here)

Le groupe ARTO est une entreprise spécialisée dans le recyclage de matériel informatique de manière responsable. Elle opère dans le domaine de la gestion des déchets électroniques et offre des services de récupération, de recyclage et de traitement des déchets électroniques pour les entreprises et les particuliers.

L’objectif d’ARTO est de réduire l’impact environnemental du matériel informatique en fin de vie en récupérant et en recyclant les composants de manière responsable. L’entreprise utilise des méthodes de traitement des déchets électroniques respectueuses de l’environnement pour minimiser l’impact sur les ressources naturelles et les émissions de gaz à effet de serre.

En recyclant les composants des déchets électroniques tels que les ordinateurs, les téléphones portables, les imprimantes et les batteries, ARTO permet de réduire la quantité de déchets électroniques qui finissent dans les décharges et les incinérateurs. L’entreprise veille également à protéger les données personnelles des clients en effaçant les données avant de recycler les appareils.

Bénédicte Ouvrard est une professionnelle passionnante, qui a su changer de voie afin d’emprunter le chemin du monde de demain. Elle s’est prêtée à notre jeu de l’interview exclusive, ce qui nous permets d’en apprendre plus sur son parcours et les enjeux de son métier aujourd’hui.

Portrait-Benedicte-Ouvrard
Photo: Bénédicte Ouvrard

LuxuryActivist (LA): Chère Bénédicte, après une belle carrière dans l’industrie du transport aérien, vous avez décidé de changer de métier. Quelles ont été vos motivations pour un tel changement ?
Bénédicte Ouvrard (BO):
Je ne sais pas si nous pouvons parler de motivation, c’était surtout une évidence. Après avoir tant appris au sein d’Air France, il arrive un jour où un événement personnel vient tout chambouler. Je ne me sentais plus à ma place cela était devenu viscéral. Je n’ai pas juste envie d’autre chose je ressens le besoin de m’engager ailleurs. Mais comment savoir dans quelle direction aller après plus de vingt ans au sein de la même entreprise ? Je décide de me faire accompagner par L’APEC (Association Pour l’Emploi des Cadres), dans le cadre d’un point à mi-parcours, pour m’aider à comprendre mes envies et faire un bilan de mes compétences. Ce sera une aide précieuse, auquel on ne pense pas forcément. Je rencontre une conseillère très à l’écoute qui va m’accompagner et me préciser que la reconversion à mon âge se joue parfois dans un univers auquel on ne pense pas dans sa sphère amicale.

LA: Quelles ont été les premières difficultés mais aussi les points motivants à une telle prise de décision ?
BO:
Les premières difficultés ce sont les autres; Tous ceux qui vous découragent de vouloir quitter une certaine sécurité de l’emploi. Mais c’est aussi mon niveau de diplôme car je n’ai qu’un baccalauréat et enfin mon âge. J’ai l’opportunité de faire une VAE (validation des acquis de l’expérience), en juin 2020 je prépare une licence en management des organisations que j’obtiens en décembre de la même année. Soutenue par mon entourage, je décide de prendre le plan de départ volontaire lancé par la compagnie et me prépare à chercher un nouvel emploi dans de meilleures conditions. Changer mon âge n’est pas possible mais je le vois comme une force, à 45 ans on se connait bien et je suis prête à m’investir dans une nouvelle carrière avec toute la volonté et l’énergie dont je sais faire preuve. 

Groupe-Arto-Benedicte-Ouvrard
smartphones-recyclage
Photo: Pixabay.com

LA: Après la période complexe de la pandémie, beaucoup de personnes se posent la question du changement de vie. Quels conseils pourriez-vous donner à ces personnes et par où commencer ? 
BO:
Tout d’abord il faut s’écouter, parfois on refuse d’entendre une petite voix qui vous dit stop, d’autres fois c’est le corps qui parle. Etre attentif aux signes qui vous disent que c’est le moment d’aller vivre une nouvelle expérience. Et puis il faut croire en soi et ses capacités, nous sommes souvent notre premier frein par peur de l’inconnu et manque de confiance en soi. Commencer par un bilan de compétence est pour moi le bon moyen de savoir où on en est. Comprendre ce qui nous anime au quotidien vous aidera à trouver le secteur d’activité qui vous convient le mieux, ensuite il faut savoir ouvrir les yeux pour reconnaitre les opportunités lorsqu’elles se présentent. Pour moi tout s’est décidé autour d’un apéro en visio. Etienne évoque ses difficultés de recrutement, je suis à ce moment-là au chômage partiel et je n’en peux plus de cette inactivité. 

Le rendez-vous se prend la semaine suivante pour échanger avec le directeur associé. Ce qui devait durer quelques mois s’est transformé en proposition de CDI et en vraie opportunité professionnelle. Ce serait mentir que de dire que tout a été facile, la première année été plutôt compliquée avec des résultats mitigés mais avec le soutien d’un manager bienveillant et celui de mes proches je décroche mes premiers gros projets fin 2021. Il faut savoir digérer les échecs, apprendre de ses erreurs et ne rien lâcher ! Arto c’est avant tout une belle aventure humaine et amicale. Nous étions 5 en 2020 aujourd’hui presque 35 personnes !

La RSE aujourd’hui c’est quoi ? A mes yeux c’est important de faire appel à une entreprise française qui crée des emplois en France et les pérennisent“.

Bénédicte Ouvrard, Acheteuse IT chez Groupe Arto

LA: À la suite de votre changement professionnel, vous voilà aujourd’hui Acheteuse de matériel informatique pour le Groupe ARTO, avec un objectif de reconditionnement responsable. En quoi cela consiste-t-il ? Pourquoi est-ce important ? 
BO:
Aujourd’hui les entreprises sont face à de nouveaux enjeux sociétaux et environnementaux mais pas uniquement. Elles doivent gérer la fin de vie de leurs “devices”, reconditionner quand c’est possible et recycler leurs déchets tout en gérant leur budget avec des effectifs souvent réduits. Je les accompagne dans la démarche en leur proposant une collaboration basée sur la confiance et je gère leur projet de A à Z en respectant la RGPD et en traitant leur matériel en France, nous n’avons aucun sous-traitant à l’étranger. Je fais gagner du temps à mes fournisseurs et c’est précieux. 

La RSE aujourd’hui c’est quoi ? A mes yeux c’est important de faire appel à une entreprise française qui crée des emplois en France et les pérennisent. Les entreprises françaises ont un rôle à jouer dans le choix de leur partenaire et elles doivent être vigilantes sur le devenir de leurs déchets, le traitement de leur matériel ou encore les canaux de vente des produits reconditionnés. Contribuer à l’inclusion des personnes avec des statuts RQTH plutôt que de solliciter une entreprise qui donne des points Agefiph, ne pas se contenter de cocher les cases mais agir à son niveau pour que les choses changent.

LA: Nous pourrions croire que des grandes entreprises ont déjà des filières de reconditionnement et de recyclage pour leur matériel informatique. Pourquoi ce n’est pas toujours le cas ? 
BO:
C’est compliqué de mettre en place une structure et des procédures pour un événement qui arrive tous les 5 ans pour les ordinateurs en moyenne et 3 ans pour les smartphones. Parfois Les entreprises font le choix de donner le matériel aux collaborateurs ou encore à des associations, dans ce cas la gestion de la fin de vie et les contrôles qui sont inhérents au recyclage changent de main. Chaque entreprise décide du moment et du partenaire qui va gérer ce sujet, elles ont alors le choix de s’engager sur le long terme avec la société choisie ou sélectionner via un appel d’offre un partenaire qui va les accompagner durant une campagne ponctuelle de recyclage.  

Benedicte-Ouvrard-ARTO
Photo: Bénédicte Ouvrard

LA: La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est un point crucial pour tout dirigent. Les clients sont de plus en plus sensibles aux efforts mis en place par leurs entreprises préférées et en 2023 c’est presque quelque chose d’attendu. Quel regard portez-vous sur cela ? 
BO:
Quand j’ai commencé en 2020, le responsable RSE était inexistant dans mes échanges avec mes interlocuteurs, aujourd’hui il est présent une fois sur 2. Depuis que je fais ce métier, j’ai appris que de nombreuses entreprises françaises avaient créé des associations et rédistribuent la totalité des fonds générés par la vente de leurs devices en fin de cycle. Je considère que les entreprises œuvrent en silence et nous proposons de reverser les sommes obtenues à des fondations pour permettre à nos partenaires de soutenir les causes que leur tiennent à cœur. Prendre quelques instants pour lire les rapports RSE des grandes entreprises françaises est très instructif. Le sujet est traité et parfois depuis longtemps avant même que cela devienne une priorité pour certaines. L’exemple le plus flagrant est cette entreprise française qui donne jusqu’à 15 jours à ses salariés par an pour aller travailler bénévolement dans des associations et permettre à ses collaborateurs de participer activement à une cause. 

LA: Vous semblez constituer déjà un bon réseau de clients avec des beaux contrats à la clé. Quel est votre secret de réussite ? Comment vous voyez votre relation avec vos entreprises clientes ? 
BO:
Je n’ai pas de secret mais pour faire ce métier il faut être tenace ! Parfois un projet abouti après de longs mois d’échanges, alors il faut aussi être patient. Pourtant ce n’est pas ma principale qualité ! Je crois également que depuis que je fais ce métier je me sens vivante et épanouie et cela se ressent dans la manière de présenter mon activité et ARTO. Je suis à l’écoute des besoins de mes partenaires et je m’adapte en fonction des aléas qui ne manquent pas sur certains projets. Je rencontre des personnalités incroyables tous les jours, des personnes engagées qui font bouger les lignes à leur niveau et je m’attache à leur donner une relation attentionnée, comme on me l’a appris au sien d’Air France. Quoi qu’il arrive je reste honnête avec mes partenaires et je pense qu’ils apprécient.

Responsabilité-social-des-entreprises-RSE
Photo: ruptureengagee.com

LA: Vous êtes au cœur du vaste sujet du reconditionnement et du recyclage. La responsabilité des entreprises est notoire. Comment voyez-vous la situation en France actuellement sur ce sujet ? Y-a-t-il des grosses tendances à en tirer ?  Faut-il imposer aux entreprises un partenaire de reconditionnement par la loi ? 
BO:
Comme expliqué précédemment, il est certain que nous avons tous un rôle à jouer, les entreprises françaises aussi. J’ai le sentiment que nous allons dans le bon sens même si pour certains, on n’en fera jamais assez. Derrière les entreprises il y a les salariés et que font-ils à leur niveau ? De mon côté je consomme local, je trie et je ramasse parfois les déchets que je trouve sur mes routes de campagne lors de mes marches matinales. La tendance est une certitude : nous sommes tous responsables et j’ai le sentiment que les consciences évoluent. Aujourd’hui on donne, on troc parfois avant d’acheter du neuf et on réfléchit autrement avant de jeter. Les entreprises aussi font parfois le choix du reconditionné. Certaines collectivités locales sont soumises à la loi AGEC qui imposent 20% de reconditionnés.

Imposer un partenaire me semble un peu difficile en revanche imposer un partenaire français ce serait peut-être une bonne chose notamment pour que certains départements français qui passent par des enchères ne choisissent pas des offres attractives de sociétés étrangères.

LA: Racontez-nous quelque chose sur vous que peu de personnes savent et qui mérite la peine de le mentionner ici ? 
BO:
A début du covid j’ai fait du bénévolat au sein d’un Ehpad pendant 3 mois. Cette expérience m’a profondément marqué au point que j’ai envisagé de travailler auprès des personnes âgées. 

LA: Que pouvons-nous vous souhaitez pour le futur ?
BO:
De belles rencontres humaines qui donnent naissance à de nouvelles collaborations.

En conclusion, il est crucial de prendre en compte l’impact environnemental de nos actions, y compris lorsqu’il s’agit de nos appareils électroniques. En recyclant nos smartphones et laptops de manière responsable, nous pouvons contribuer à la protection de l’environnement tout en évitant de jeter nos appareils dans une décharge. Le Groupe ARTO est un acteur incontournable du marché Français et Bénédicte Ouvrard une vraie personne de confiance. Comme on dit souvent, “Il n’y a pas de planète B”, et c’est pourquoi nous devons tous faire notre part pour minimiser notre empreinte environnementale. En choisissant de recycler nos appareils électroniques, nous pouvons tous devenir des héros du RSE. Bénédicte Ouvrard est clairement une héroine du quotidien.

José Amorim
Informations fournies par l’auteur pour LuxuryActivist.com. Tous les contenus sont régis par les lois du copyright et aucun droit de reproduction n’est disponible. Les images sont fournies par Nadia Léauté Legrix pour illustration de son article et sa promotion.