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L’humanité a souvent eu du mal à conserver son savoir. Certains accomplissements restent de nos jours des véritables mystères car l’Homme n’a pas su préserver les connaissances au fil des âges. L’effort de préservation, de maintien et de partage des connaissances doivent être des missions importantes car, sinon, comment savoir où aller si l’on ne sait pas d’où l’on vient? De toutes les créations humaines, les parfums sont souvent considérées les plus fragiles. C’est ainsi que l’Osmothèque, premier conservatoire international du parfum à Versailles en est le valeureux protecteur. LuxuryActivist a eu l’occasion de contacter Madame Anne-Cécile Pouant, Directrice Déléguée à l’Osmothèque – Conservatoire International du Parfum à Versailles. Ce fut l’occasion pour elle de se prêter au jeu de notre interview exclusive et ainsi en savoir plus sur l’Osmothèque.

(English version here)

LuxuryActivist (LA): Chère Anne-Cécile, on dit souvent que notre rapport aux odeurs et aux parfums est quelque chose souvent de très personnelle. Quels sont vos premiers souvenirs olfactifs et qu’est-ce qui a pu déclencher votre vocation envers cette industrie ?
Anne-Cécile Pouant (ACP):
Plus je travaille dans cet univers du parfum, et particulièrement depuis que je suis au Conservatoire International des parfums, plus je constate l’importance qu’ont les odeurs et les parfums dans notre vie et dans nos souvenirs. La mémoire olfactive est un puissant véhicule pour voyager dans le temps. L’odeur la plus lointaine, qui remonte à l’enfance, est très identifiée : c’est un mélange de ronéotype (cet ancêtre de la photocopieuse, utilisé dans les écoles dans les années 70 qui reproduisait d’une couleur violette les textes) et de Mercryl Laurylé, ce désinfectant si utile pour les genoux écorchés des cours de récréation. En effet, l’armoire à pharmacie de l’école était au-dessus de l’appareil à reproduire, dans un petit local exigu. Il faut croire que je l’ai assidûment fréquenté pour que son souvenir soit si intense. J’étais en grande section de maternelle. Cela remonte donc…et pourtant, c’est très vivace. Et aujourd’hui, j’aime toujours autant ces odeurs de pharmacie et d’encre !

Même si j’ai toujours été très sensible aux odeurs et apprécié très jeune les parfums, je pense que ce qui m’a attiré vers le parfum est davantage l’image dégagée par cet univers : les publicités magnifiques, les vitrines des parfumeries traditionnelles avec les flacons géants, la sophistication dégagée par des personnes qui y travaillaient, les présentoirs de maquillage spectaculaires…et le sillage poudré ou chypré des femmes qui en sortaient … Cet univers, qui me semblait à part, me fascinait et m’attirait au point de rester en embuscade à la sortie de la seule parfumerie de la ville où j’habitais pour en capter quelques paillettes.

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Photo: Anne-Cécile Pouant – L’Osmothèque

LA: Comment résumériez-vous votre parcours professionnel, notamment vos débuts? J’ai l’impression que tous les chemins menent à Rome, lorsqu’il s’agit de l’industrie du parfum. Quel a été votre chemin?
ACP: Mon orientation professionnelle vers le parfum s’est d’abord donc plutôt faite à travers le luxe, avec une spécialisation orientée vers la communication. J’y ai consacré quelques modules spécifiques de ma formation ainsi que des mémoires de recherche sur la valeur des marques de luxe. Une marque me hantait parmi toutes celles que j’étudiais : CHANEL. Je l’ai beaucoup étudiée, décortiquée, scrutée et analysée. Elle me fascine toujours autant aujourd’hui tant elle incarne la perfection de la gestion d’une image de marque. Ensuite, je suis entrée dans le luxe et plus particulièrement le parfum par une porte inattendue : le design : après des études à Sciences Po et une première expérience à Tahiti chez le plus gros producteur de perles noires, j’ai eu la chance d’être recrutée dans une agence de création spécialisée dans le design et le packaging pour les marques de parfums. 

Après la naissance de ma seconde fille, j’ai créé ma propre agence pour conseiller et accompagner des clients dans la création de leur identité et le déploiement de leur communication, en offrant une large palette de services aux instituts de beauté et aux spas ainsi qu’aux marques bio qui me semblaient à l’époque les parents pauvres du secteur.

J’ai eu l’opportunité d’intégrer l’Osmothèque en 2015 pour y insuffler un nouveau souffle. Cette institution unique, créée 25 ans plus tôt sur une initiative du parfumeur Jean Kerléo et d’un groupe de parfumeurs passionnés de la S.F.P. (Société Française des parfumeurs), n’était pas suffisamment visible, n’occupait pas la place que devrait avoir une institution représentant le patrimoine olfactif de la parfumerie mondiale.

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Photo: Anne-Cécile Pouant – L’Osmothèque

LA: Votre parcours professionnel vous a amené à côtoyer et à collaborer avec des partenaires de renom ainsi que des marques de rêve. Que gardez-vous de ces collaborations avant de rejoindre l’Osmothèque ?
ACP:
Dès ma formation, comme je vous le disais, j’ai étudié CHANEL et j’ai la chance d’avoir aujourd’hui comme Vice-président de l’Osmothèque, un de leurs éminents parfumeurs maison : Christopher SHELDRAKE. La maison CHANEL est également aujourd’hui, avec la discrétion et l’élégance qui la caractérise, l’un de nos principaux contributeurs mécènes.

Dans mon parcours en agence, j’ai en effet eu la chance de travailler auprès des équipes créatives de grandes maisons et de les accompagner dans des superbes développements de nouveaux parfums : Cartier, Dior, Guerlain, Mauboussin, Bulgari, Asprey … mais également sur des projets internationaux : Boticario et Natura au Brésil, Hera et Amore Pacific en Corée, ou encore des créations totales de concepts comme The Different Company. A bonne école auprès du designer Thierry de Baschmakoff, j’en retiens l’importance de la cohérence d’un concept et de sa déclinaison, la valeur des signes et codes hérités de l’histoire, vastes sources d’inspiration pour les futures créations, le sens du détail et de la mise en scène.

LA: L’Osmothèque est une institution unique au monde et d’une utilité précieuse. Quelle idée vous vous faisiez de l’Osmothèque avant d’y travailler ?
ACP:
J’avais eu l’occasion de la visiter quand je travaillais dans le design pour la parfumerie. Je n’en avais pas saisi l’essence et son caractère unique et exceptionnel, peut-être du fait d’une identité peu claire (hébergée sur le campus d’une école, sans pignon sur rue), un peu vieillotte et un nom peu explicite : Osmothèque (osme : odeur / theke : rangement). Une bibliothèque d’odeurs. Et pour moi qui travaillaitdans l’image de marque, l’absence de flacons, de décor et de scénarisation m’avaient fait passer à côté des trésors que renfermaient cette collection unique en son genre.

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Photo: Anne-Cécile Pouant – L’Osmothèque

LA: Qu’est-ce qui vous anime aujourd’hui à faire perdurer une si belle institution ?
ACP:
Être aujourd’hui à la manœuvre pour rendre justice et faire briller l’héritage des fondateurs en faisant de l’Osmothèque une institution culturelle majeure dans la préservation du patrimoine olfactif du parfum est un challenge tant ce n’est pas encore une évidence pour tout le monde ! L’idée des fondateurs était vraiment géniale : ils ont réellement été des pionniers, conscients que le patrimoine du parfum est précieux mais par définition évanescent et donc intrinsèquement voué à disparaître (un parfum qu’on ne peut plus sentir…est un parfum qui finit par mourir). Pour les préserver, il faut donc continuer à pouvoir les sentir et donc, les conserver dans des conditions optimales, être en capacité de les refaire régulièrement : ce qui devient une gageure si nous n’avons pas en parallèle des formules préservées, des ingrédients qui ne cessent d’évoluer et un savoir-faire particulier. En effet, le parfum n’a pas toujours été fabriqué selon les standards que nous connaissons.

Un conservatoire de parfums est donc également un conservatoire d’émotions. Cela donne une dimension humaine à notre mission qui m’émeut particulièrement.

Anne-Cécile Pouant, Directrice Déléguée à l’Osmothèque

C’est un véritable défi que de préserver cette collection, témoignage d’une relation singulière qui existe depuis des milliers d’années, d’un rapport très particulier de l’homme avec l’odeur et le parfum : Média avec les dieux, parure des puissants, bouclier anti-miasmes, médicament, arme de séduction massive, accessoire ultime de l’image que l’on souhaite véhiculer, ou subtil élément de bien-être, le parfum accompagne la vie des hommes, leur mémoire, leurs émotions… Et d’un autre point de vue, nous préservons des œuvres qui, pour certaines d’entre elles, marquent de façon majeure l’histoire de cet art de la parfumerie. A ce titre, tout mettre en œuvre comme nous le faisons pour en préserver la dimension olfactive, c’est permettre de contribuer à l’écriture de son histoire et la rendre pérenne. En préservant ce patrimoine, nous sommes des passeurs pour les générations futures.

LA: Avec plus de 5000 parfums dont certains disparus de la commercialisation, comment définissez-vous l’entrée d’un parfum dans votre Osmothèque ?
ACP:
Les entrées dans la collection se font principalement de 3 façons. Tout d’abord les marques nous confient leurs créations (selon des accords que nous avons mis en place avec elles). Elle enrichissement ainsi les collections « contemporaines » du Conservatoire. Les nouvelles marques sont sollicitées ou se manifestent spontanément pour enrichir la collection. Nous sommes très ouverts car nul ne peut prédire la durée de vie de ces maisons et de leurs créations. Quel que soit leur avenir, des futures pépites s’y trouvent peut-être. Nous avons des accords également avec les grandes maisons de composition qui nous envoient leurs wins de l’année.

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Photo: L’Osmothèque

Ensuite, pour les parfums disparus et identifiés par nos soins comme « premium », c’est-à-dire devant absolument être présents dans les collections, plusieurs options : si nous avons la formule déposée à l’Osmothèque avec l’autorisation de les refaire pour nos strictes activités (aucune exploitation commerciale derrière et garantie du secret des formules) ainsi que l’ensemble des matières premières et bases permettant de les refaire, ils sont « repesés » sur la base de la formule d’origine par notre équipe cave.  Quand nous n’avons pas la formule, nous travaillons en collaboration avec les marques ou maisons qui les détiennent afin de le faire refaire par leurs soins. Nous mettons parfois à leur disposition nos collections uniques de matières rares et disparues.

Enfin, pour les parfums très anciens (avant la révolution de la synthèse à la fin du XIXème siècle), le travail est plus complexe. Ce n’est pas tant la formule qui rend les choses compliquées (elles sont parfois « publiques » dans des ouvrages anciens. C’est plus leur décodage et leur nécessaire interprétation qui rendent les choses compliquées : Retrouver l’ensemble des matières parfois inconnues, estimer les proportions souvent sommaires et faire des compromis et interprétations. C’est pourquoi l’Osmothèque est plus méfiante et circonspecte sur ces parfums très anciens qui sont plus sujets à caution. 

Face à l’engouement de différents acteurs face à ces reconstitutions historiques, l’Osmothèque entend pouvoir être une balise de référence avec sa méthodologie éprouvée et la connaissance accumulée depuis plus de 30 ans. Elle s’attache surtout à diffuser une nomenclature précise, qui pourrait faire autorité et devenir une nomenclature « officielle ». Ce projet est porté par son Comité scientifique.

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Photo: L’Osmothèque
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Photo: L’Osmothèque

LA- De toutes les activités de l’Osmothèque, laquelle vous rend la plus fière ?
ACP:
L’Osmothèque intervient autour de ces missions principales : la préservation et le développement de ses collections, la transmission (ce sont toutes les médiations culturelles que nous faisons à destination de tous les publics), et la recherche. Deux missions me rendent particulièrement fières : avoir contribué avec beaucoup de ténacité à retrouver la trace d’un parfum majeur afin de lui faire réintégrer la collection. Il s’agit du Trèfle Incarnat de la Maison L.T Piver, une grande maison patrimoniale française. Aujourd’hui, je suis sur d’autres pistes qui sont sur le point d’aboutir … Mes aventures « A la recherche des parfums perdus » continuent ! Je suis également très fière d’œuvrer dans l’intérêt général (conformément à notre statut d’Association Loi 1901 à but non lucratif) et d’accueillir des jeunes, souvent dès le stage de 3ème, afin de leur permettre de mettre un pied dans ce monde qui peut sembler assez fermé du parfum. Je m’attache à mon niveau à ouvrir des portes et mettre un pied à l’étrier à ceux qui n’ont pas de réseaux préexistants ni de patronyme célèbre pour leur faciliter la tâche. Quelle fierté pour moi de les voir ensuite avancer dans leur projet professionnel 

Mais je pourrais aussi vous parler de la mise en place de la campagne de mécénat « J’ADOPTE UN PARFUM » que j’ai imaginée avec mon équipe pour pallier au manque de ressources financières liées à la fermeture de l‘Osmothèque lors des confinements. C’est une campagne qui propose aux mécènes d’associer leur nom à un parfum qu’ils adoptent symboliquement. Nous partageons sur nos réseaux un court texte qu’ils nous écrivent et qui explique leur attachement à ce parfum. Les témoignages sont très touchants, souvent associés au souvenir d’un être cher. C’est un très beau projet dont je suis particulièrement fière !

LA: Pourriez-vous s’il vous plait nous raconter un fait important ou une anecdote que vous a marqué depuis votre arrivée à l’Osmothèque ?
ACP:
Un fait m’a particulièrement marqué depuis mon arrivée à l’Osmothèque : le jour où je me suis retrouvée en prison, une première pour moi ! Je suis en effet intervenue avec Isabelle Chazot (administratrice et présidente de notre comité scientifique) pour une médiation culturelle sur L’Orient et les parfums à la prison pour femmes de Versailles. Un moment suspendu pour toutes (détenues et intervenantes) où vous réalisez la force du pouvoir d’évocation (et d’évasion !) des parfums dans un univers clos. Cette expérience m’a convaincu que le parfum pouvait être un langage universel, qu’il pouvait contribuer à créer des ponts et ouvrir des horizons merveilleux en se jouant des frontières, culturelles, générationnelles ou physiques.

LA: Quel regard portez-vous sur l’industrie du parfum aujourd’hui ? On y voit tellement de lancements et finalement si peu d’élus qui traversent l’épreuve du temps.
ACP:
J’y porte un regard très décontracté : on ne sait plus où donner de la tête, le meilleur côtoie le pire. Et les lancements sont tellement nombreux que j’abdique devant l’idée de tout maîtriser. Alors, quand il m’arrive de tomber sur des « pépites », je suis enthousiaste et le dis haut et fort ! Allez découvrir un Milky Dragon d’Isabelle Larignon, ou un Cri de la Lumière de Parfum d’Empire…vous verrez que l’on peut être émerveillé par la création actuelle !

J’ai l’extrême privilège également de pouvoir plonger dans les merveilles et les chefs d’œuvre qui constituent le patrimoine du parfum et de m’y réfugier également quand la cacophonie actuelle est trop forte. Remettre le nez sur un Fruit défendu de 1914 chez Paul Poiret, un Emeraude de François Coty dont on vient de fêter le centenaire, ou plus récents comme un original de Mystère de Rochas de 1978 ou encore un Coriandre de Jean Couturier de 1973 : ces parfums qu’on pourrait qualifier de « vintage » se défendent si bien encore aujourd’hui ! C’est une magnifique parfumerie qui a fait aimer le parfum aux personnes de ma génération.

LA: Depuis très longtemps, l’aspect légal de protection intellectuelle des parfums est un thème délicat. Est-ce que l’Osmothèque a une position officielle sur le sujet ? Comment protéger l’héritage de l’industrie du parfum de nos jours ?
ACP:
A sa création, l’Osmothèque s’est attachée à obtenir le soutien des marques ou des ayants-droits pour se voir confier des formules secrètes, éléments hautement sensibles.  Comme vous le savez, on ne peut pas protéger une formule de parfum autrement et c’est encore valable aujourd’hui. Nous avons mis en place au conservatoire un protocole très encadré qui garantit aux déposants la stricte confidentialité des formules qui nous nous sont confiées. Du point de vue de l’Osmothèque, il nous semble important de ne pas oublier comme le rappelle régulièrement notre président Thomas Fontaine : « les enjeux sont pour nous avant tout culturels ; en tant que Conservatoire des parfums, nous défendons le parfum sous cet angle-là ». 

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Photo: L’Osmothèque

LA: Quelle question rêveriez-vous que l’on vous pose sur l’Osmothèque et quelle serait sa réponse ?
ACP:
Je rêverais qu’un grand mécène me demande : de combien avez-vous besoin comme soutien pour mener à bien vos projets dans les 3 prochaines années ? Et je rêverais de lui répondre : tout va bien, l’ensemble de la profession est derrière nous pour soutenir son patrimoine, et les pouvoirs publics nous subventionnent largement !  Ce n’est hélas qu’un rêve … je lui répondrai donc qu’il peut nous soutenir aujourd’hui en attendant que ce rêve devienne réalité !

LA: Avez-vous des nouveaux projets à venir dont vous pouvez nous en faire part ici ?
ACP:
Nous portons un ambitieux projet de lieu pour donner un écrin plus adapté à nos collections et à nos activités qui se développent de façon importante ces dernières années. Véritable lieu de culture autour du parfum, nous souhaitons offrir à nos publics un lieu expérienciel mettant en valeur les trésors de nos collections. A la fois lieu de travail de nos équipes, lieu de recherche et de documentation, laboratoire pour nos repesées ou nos travaux historiques et lieu de conservation de nos collections de parfums et matières premières, il doit pouvoir permettre à nos différents publics de (re)découvrir l’immense patrimoine olfactif qu’est le parfum. 

LA: Pouvez-vous nous dire quelque chose sur vous que peu de personnes connaissent et qu’il serait intéressant de savoir ?
ACP:
Dans le cadre de mon travail j’ai le luxe de côtoyer des parfums anciens, élixirs magiques dont plus personne ne peut profiter. Ces ” belles endormies” sont dans le noir, dans des flacons opaques à l’abri des outrages du temps, au fond de ces armoires à la température contrôlée. Les sentir vous emporte loin, ailleurs, dans un autre temps… Il m’arrive parfois, dans le cadre unique de la cave de l’Osmothèque, d’ouvrir une de ces fioles et de me trouver transportée dans un autre espace-temps. C’est baudelairien : « Parfois on trouve un vieux flacon, d’où jaillit toute vive une âme qui revient ».  

Je me souviens ainsi d’une conversation presque réelle avec Paul Poiret en essayant de percer le mystère du fameux « Fruit défendu” crée en 1914 pour ses parfums de Rosine. Une autre fois, je me suis également retrouvée de façon impromptue et imaginaire à bord de l’Orient express en route vers Istamboul ou Venise et y ai croisé Sergey Diaghilev et ses ballets russes, ou bien encore j’ai fait connaissance virtuellement avec Marlène Dietrich au hasard d’une volute de tabac blond échappée d’une bouteille de matière première. J’ai fugacement croisé Jean Patou sur le pont de la première classe du Normandie. Quelle magie de pouvoir approcher d’aussi près par le biais du parfum ces personnages et ces temps révolus…des moments intimes et secrets.

LA: Que pouvons-nous vous souhaiter pour le futur ?
ACP:
J’ai aujourd’hui la chance d’avoir un travail unique en son genre et le privilège d’avoir la charge de préserver un des fleurons de notre patrimoine culturel. Je côtoie les plus belles œuvres que la parfumerie ait produites, ainsi que les plus grands créateurs. Je fais des rencontres humaines extraordinaires. Mon quotidien est riche de projets. J’aime emprunter cette passerelle entre le monde du parfum et le monde culturel. Un pied dans l’un, un pied dans l’autre, mais surtout au-dessus de la mêlée, un trait d’union entre ces mondes.

Quant à l’Osmothèque, elle à 30 ans. Il est temps pour cette institution intimement liée au patrimoine français, reconnue internationalement, de fédérer autour de ses actions les soutiens des pouvoirs publics. Il est temps également qu’elle soit fortement soutenue par la filière du parfum et que celle-ci lui apporte un véritable soutien financier. Ainsi, le Conservatoire pourra porter encore plus haut et pour le bénéfice de tous les couleurs de cette extraordinaire ambassade du parfum !

En conclusion,
Anne-Cécile Pouant est donc une femme passionée, avec une intélligence emotionnelle rare. Nous pourrions l’écouter pendant des heures tant la passion coule dans ses mots. L’Osmothèque est un lieu rare, même unique et sa Directrice Déléguée est la parfaite capitaine d’un paquebot si prestigieux que l’on souhaite encore des belles décénnies de navigation. L’Osmothèque a 30 ans et nous avons tous hâte de connaitre les merveilles qui seront encore découvertes et préservées pour le plaisir et la connaissance humaine.

L’Osmothèque – Conservatoire International des Parfums
36 rue du Parc de Clagny
78000 Versailles​ 
Tel: +33 (0)1 39 55 46 99
https://www.osmotheque.fr

José Amorim
Informations fournies par l’auteur pour LuxuryActivist.com. Tous les contenus sont régis par les lois du copyright et aucun droit de reproduction n’est disponible. Les images sont proposées par Madame Anne-Cécile Pouant pour une utilisation stricte dans cet article et sa promotion.