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Certaines personnes sont une vraie source d’inspiration. C’est le cas d’Eva André, une jeune apnéiste dans la catégorie CWT monopalme. 7e au championnat du monde et 3e française en 2021, Eva André a vécu une saison incroyable cette année. Elle pense déjà à ses futurs défis l’année prochaine, spécialement la marque de 80 mètres en compétition. Avis aux futurs sponsors: découvrez ici une jeune talentueuse apnéiste avec une véritable ambition et passion pour ce qu’elle fait. Cliquez ici pour télécharger son projet 2022. Pour LuxuryActivist, Eva André a accepté de jouer le jeu de notre interview exclusive. Plus qu’un sport, l’apnée est une véritable Art et une philosophie de vie.

(English version here)

LuxuryActivist (LA): Chère Eva, vous avez 24 ans et vous êtes passionnée d’apnée profonde. Comment votre passion est-elle née ? 
Eva André (EA):
J’ai découvert l’apnée en 2017. C’est assez cliché mais je suis tombée amoureuse d’un apnéiste. Il m’a fait découvrir cette discipline que je ne connaissais absolument pas. Très vite j’ai eu envie de continuer et de m’entrainer sérieusement.

LA: Vous pratiquez l’apnée en poids constant en monopalme (CWT). Pourquoi avoir choisi ce type d’épreuve spécifiquement ? 
EA:
C’est ma discipline favorite. Lorsque j’ai débuté l’apnée, j’étais complètement hypnotisée lorsque je voyais des athlètes plonger en monopalme. C’est une nage que je trouve magnifique, presque poétique. De plus, la prise à l’eau de la palme donne une impression de puissance, de glisse et de vitesse. Ce sont des sensations très agréables. 

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Photo: Eva André par ©DaanVerhoeven

LA: Quelles sont les qualités requises pour être un bon apnéiste ?
EA:
Je pense que pour être un bon apnéiste, il faut avant tout prendre du plaisir sous l’eau et avoir l’envie. Bien sûr qu’il existe des prédispositions physiques, certaines personnes supportent mieux la pression que d’autres ou certaines personnes ont plus de facilités à égaliser leurs oreilles. Mais malgré les idées reçues, l’apnée est un sport très accessible et même lorsque l’on n’est pas très athlétique, on peut très vite prendre beaucoup de plaisir sous l’eau et faire de belles apnées. C’est selon moi le plus important. Lorsque l’on se concentre sur les sensations agréables, on est plus facilement relâché, confiant, et ce sont les meilleurs ingrédients pour progresser. 

LA: Que diriez-vous à ceux qui pensent que c’est un sport trop dangereux ?
EA:
C’est une image qui est beaucoup véhiculée dans les médias, cela donne une dimension un peu dramatique. La vérité est très éloignée de cela. Certes il peut y avoir des incidents, comme dans n’importe quel autre sport, mais derrière chaque plongée profonde il y a un gros setup de sécurité. Je ne me suis jamais sentie en danger ! 


Le CWT ou Constant weight apnea, est une discipline de l'apnée. L'apnéiste s'immerge et remonte vers la surface sans avoir le droit de toucher le filin-guide et en conservant le même lest pendant toute la durée de l'apnée. Elle peut se faire en monopalme, bipalmes ou sans palmes. 

LA: Avec une performance validée en compétition à 77 mètres, vous repoussez continuellement les limites de votre corps et de votre esprit. À quoi pensez-vous lorsque vous plongez ? Comment décrire les sensations ? 
EA:
Lorsque je plonge, j’ai le sentiment de ne plus penser. C’est cela qui est magique. Mon corps réalise les automatismes que je lui ai appris, mais mon cerveau fonctionne comme au ralenti. Il lâche prise complètement. C’est un peu comme de la méditation pleine conscience. Ensuite il y a cette incroyable sensation de chute libre et de vertige lorsque commence cette phase que l’on appelle le « free fall ». Passé 20 mètres, l’air de nos poumons est trop comprimé pour nous faire flotter, on se laisse donc chuter le long du câble. C’est grisant ! 

Mon corps réalise les automatismes que je lui ai appris, mais mon cerveau fonctionne comme au ralenti. Il lâche prise complètement. C’est un peu comme de la méditation pleine conscience“.

Eva André – Apnéiste

LA: Quels apnéistes vous inspirent aujourd’hui ? Pourquoi ? 
EA:
Une apnéiste qui m’inspire beaucoup est Julie Gauthier. C’est une ancienne championne qui s’est aujourd’hui tournée vers le côté plus artistique de l’apnée. Elle a réalisé de nombreux courts métrages autour de la dance, de l’exploration et de la biodiversité marine. Elle sait sublimer l’apnée et le monde sous-marin pour l’offrir au grand public sous sa plus belle forme. Je vous conseille d’ailleurs d’aller voir son travail, c’est magique. 

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Photo: Eva André par ©BastienSoleil

LA: En 2022, votre objectif sera de valider 80 mètres de profondeur en compétition. Comment établir une telle limite ? D’ailleurs, pensez-vous avoir une limite ?
EA:
C’est un chiffre qui me parait cohérent avec ma progression. J’ai effectué 79 mètres à l’entrainement et je pense qu’avec une bonne préparation, les 80 mètres en compétition me seraient accessibles. C’est une belle profondeur qui laisse rêveur ! 
Bien sûr qu’il y a une limite, je pense juste que celle-ci est mouvante. On peut la repousser avec du repos et de l’entrainement, et parfois elle se rapproche avec la fatigue ou lorsque les conditions ne sont pas réunies. Pour essayer d’identifier cette limite et vérifier que je ne m’en rapproche pas trop, j’essaye d’être bien vigilante sur mes ressentis. Avais-je les idées claires lors de ma sortie ? Est-ce que ma plongée était agréable ? Il s’agit aussi de bien être à l’écoute des gens qui me regardent plonger et qui assurent ma sécurité. Ils ont la bienveillance et le recul nécessaires pour me prévenir lorsqu’ils estiment que ma plongée n’était pas assez maitrisée. 

LA: Vous êtes aussi professeure de sciences. Comment conjuguez-vous ces deux activités ? 
EA:
J’ai eu la chance de croiser la route de Christelle Caucheteux, fondatrice de l’école dans laquelle j’ai travaillé, Life Bloom Academy. Elle a compris mon projet et m’a proposé des horaires aménagés afin que je puisse vivre de front mes deux passions, l’apnée et l’éducation. J’ai la chance d’être entourée de gens qui me soutiennent. 

LA: On parle beaucoup de la pollution des océans. Voyez-vous des changements durant vos plongées ? Si oui, lesquels ? 
EA:
Je constate effectivement que les fonds marins dans lesquels je plonge sont assez pauvres. Je ne suis pas en mesure, à mon échelle de temps, d’affirmer que la biodiversité a diminué mais lorsque je vois des images de Port Cros par exemple, qui est une réserve, ça n’a rien à voir. Il est évident que les activités humaines ont eu un impact. 

Cliquez sur la vidéo ci-dessous afin de découvrir l’incroyable performance d’Eva André aux derniers championnats du monde. Elle a atteint la marque des 77 mètres. Nous pouvons apprécier à la fois la performance sportive, la beauté et la fluidité des images.

LA: Dites-nous quelque chose sur vous que peu de personnes savent et dont l’intérêt mérite d’être souligné ici.
EA:
Plus jeune, j’étais passionnée d’équitation. J’ai participé deux années de suite aux championnats de France de sauts d’obstacles avec mon petit cheval Cocheese auquel j’étais très attachée et qui est décédé il y a quelques mois. Pour tout vous dire, nous n’étions pas un duo très doué en compétition. Je garde un très bon souvenir de ces années. 

LA: Quels conseils donneriez-vous à une jeune fille qui souhaiterait démarrer l’apnée ?
EA:
Je lui dirais de laisser de côtés ses croyances limitantes comme « je n’ai pas de souffle » ou « je ne suis pas assez sportive ». C’est un sport finalement très accessible.  Je lui conseillerais également de venir essayer l’apnée dans mon club, le CIPA à Nice. C’est ce club qui a vu naître l’apnée profonde, qui a entrainé les plus grands champions comme Loic Leferme ou Guillaume Néry. Il y a quelque chose de magique à débuter et évoluer dans cet environnement !

LA: Que pouvons-nous vous souhaiter pour le futur ? 
EA:
Souhaitez-moi de vivre d’aussi belles plongées que celles que j’ai pu réaliser cet été !

Nous remercions Eva André pour son temps et la générosité de ses réponses. C’est une sportive accomplie et très passionnée par son sport. Elle représente une merveilleuse référence de persévérance, authenticité et de dépassement de soi. Un bel exemple pour les plus jeunes générations.

Interview-Eva-Andre-apneiste
Photo partagée par Eva André

Vous pouvez télécharger le projet 2022 d’Eva André en cliquant ici.

José Amorim
Information rassemblée par l’auteur pour LuxuryActivist.com. Tous les contenus sont régis par les lois du copyright et aucun droit à la reproduction n’est disponible. Les images sont fournies par Eva André pour une utilisation stricte dans cet article et sa promotion.