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Le post-modernisme a donné 100% de liberté aux artistes pour se réinventer. En réaction au modernisme, l’art postmoderne a critiqué les croyances précédemment acceptées sur la haute culture et le progrès, et il a dominé la seconde moitié du XXe siècle. Le pop art, l’art conceptuel, le collage, l’art de l’installation, l’art vidéo, le néo-expressionnisme, l’appropriation, l’art féministe et l’art de la performance sont quelques-unes des nouvelles formes et approches esthétiques associées à l’art postmoderne. Il s’agit avant tout de la liberté de création et que chaque artiste puisse se réapproprier toute technique ou référence sociale pour exprimer ce qu’il a besoin d’exprimer.

En ce sens, je suis heureux d’accueillir Benjamin Arzoine, un esprit libre dans le monde des arts. C’est un passionné et un véritable amoureux des arts visuels. Son style est acéré, son trait est précis et émotionnel à la fois. L’anatomie de ses sujets est son paysage qui exprime beaucoup de choses sur la condition humaine. Il a accepté de jouer le jeu de notre interview exclusive avec beaucoup d’humour et un mordant très contemporain.

(English version here)

LuxuryActivist (LA): Cher Benjamin, nous nous connaissons depuis quelques années maintenant. Ta passion pour les arts graphiques ne date pas d’hier. Comment est-elle née ? 
Benjamin Arzoine (BA):
A l’âge de treize ans, je découvre le graffiti grâce à un cousin qui vit près du mythique terrain vague de La Chapelle, à Paris. Nous sommes en 1985. Je me jette dans cette culture avec des résultats plutôt catastrophiques et décide de prendre des cours de dessin le soir après le lycée pour progresser en graffiti. Finalement je lâche le graff en 1992, le niveau parisien est bien trop élevé pour moi, mais continue le dessin que je ne lâcherai jamais et entame des études de graphisme… tu connais la suite.

LA: Comment te définirais-tu en tant qu’artiste ? Quelles techniques ou styles affectionnes tu le plus dans ton travail et pourquoi ? 
BA:
Figuratif, définitivement. J’aime le pastel pour les textures qu’il apporte et le fait que c’est un medium qui me renvoie aux travaux de DEGAS que j’admire : ça me conditionne pour traiter mon sujet. J’aime également le travail de croquis au feutre liner. C’est très instinctif tout en étant très technique puisqu’il n’y a pas de repentir possible : une fois que ton trait est posé tu dois te démerder avec.

Benjamin-Arzoine-art
Benjamin-Arzoine-arts

LA: Comment choisis-tu un sujet ? Comment démarres-tu une œuvre et y-a-t-il des étapes définies dans ton processus de création ? 
BA: Je travaille énormément sur le corps, je fais beaucoup de nus. Il n’y a pas d’étapes, je me laisse entrainer par le dessin. Je n’ai pas d’idée du résultat final, donc. Je cherche simplement à poser une ambiance, une connotation. Faire sentir le temps qui passe et éprouve le corps.

LA: En prenant du recul sur ton travail, comment vois-tu ton style évoluer dans le temps ? 
BA:
J’épure, je m’en tiens à mon sujet. Par le passé je travaillais beaucoup la matière, la peinture. Je travaillais en plus grand format, c’était plus gestuel. Maintenant je reviens au dessin mais ça va nécessairement changer : dés que j’ai le sentiment de me répéter je change de medium pour « ré-apprendre ». Je ne vis pas de mon art, cela me permet de faire à peu près ce que je veux en terme de style, personne ne m’attend.

LA: Si tu avais carte blanche et aucune limite, quel projet rêverais-tu de faire et pourquoi ? 
BA:
J’irais voir Lucifer pour lui demander d’échanger mon niveau en dessin contre le même niveau en guitare (électrique et saturée, évidemment).

Avoir un BANKSY dans son salon renvoie l’artiste à ce qu’il n’est pas : un décorateur d’appartements bourgeois. C’est un non sens“.

Benjamin Arzoine – à propos du Marché de l’Art.

LA: Dans un monde qui devient de plus en plus numérique, quel regard portes-tu sur la manière comme l’art et le marché de l’art évoluent ? 
BA:
Le numérique et le physique ne se combattent pas : ils permettent aux artistes de s’exprimer de différents moyens. Les arts plastiques ont toujours évolué avec les progrès de leur époque, quitte à devenir de moins en moins plastiques, voire totalement virtuels. C’est dans l’ordre des choses. Les œuvres d’art ont aussi vocation à devenir des signes de leur temps : notre époque n’a aucune raison d’y échapper. Je suis moins complaisant, en revanche, concernant l’engouement du marché pour le street art. C’est cool pour les artistes qui peuvent gagner leur vie mais tout l’intérêt du street art est l’interaction entre l’œuvre et son environnement : BANKSY est particulièrement bon par rapport à ça. Il y a toujours une pertinence entre son œuvre et l’endroit où il la pose. Par conséquent, avoir un BANKSY dans son salon renvoie l’artiste à ce qu’il n’est pas : un décorateur d’appartements bourgeois. C’est un non sens.

LA: Que manque-il aujourd’hui comme soutien afin d’aider les artistes à développer leur art ? 
BA:
Je ne peux pas répondre dans le sens où je n’ai jamais tenté de rentrer dans le marché de l’art. Il me semble que les structures existent, du moins ici en France, mais qu’en toute logique il y a plus de postulants que d’élus. Ceci dit, étant un vieil anarchiste, je ne suis pas adepte de l’idée d’un Etat qui facilite trop les choses : comment veux-tu mettre un coup de pied dans la fourmilière quand cette dernière t’as filé une subvention ? Et je ne te parle même pas des mécènes privés qui sont en tête du CAC 40… je préfère être obligé de bosser à côté et faire ce qui me plait pour ma part, mais bon, cela n’engage que moi, évidemment. En attendant, les réseaux sociaux permettent d’avoir de la visibilité et, pour ceux qui contrairement à moi en maitrisent les rouages, une réelle notoriété.

LA: On dit souvent que la vie d’artiste est difficile et les débouchés compliqués. Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui souhaiterais y démarrer une carrière ? 
BA:
Passe ton Bac + 5 d’abord 😉

LA: Pourrais-tu nous dire quelque chose sur toi que peu de gens savent et que cela mériterait d’être dit ici ?
BA:
Je chausse du 41, c’est très sérieux.

LA: Que pouvons-nous te souhaiter pour le futur ?
BA:
Du calme, simplement du calme… (et dix millions de dollars en petites coupures dans un sac de sport)

Benjamin Arzoine est un esprit libre avec un humour plein de mordant. Il y a du Edgar Degas et du Francis Bacon dans son trait. C’est un artiste qui gagne à être connu de part son audace et sa liberté. Vous pouvez en savoir plus sur ton art en regardant son compte instagram ici:
https://www.instagram.com/arzonerockstar/

José Amorim
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